Une serpillière
Par Michel Bourret Guasteví le mercredi 14 mai 2014, 09:59 - l'écume des jours - Lien permanent
Laissée dans l'ombre, dans un coin,
malodorante, gonflée d'eau noire, elle
se taisait et patientait, attendant d'être
malodorante, gonflée d'eau noire, elle
se taisait et patientait, attendant d'être
étranglée par deux mains rougeaudes
pour une nouvelle tâche immonde. Qui
se souvient qu'elle fut tissu d'étoupe rayé
de mille couleurs, étiquetté, si doux sur le
rayonnage du haut de la droguerie ? Personne.
Aussi je veux lui rendre hommage, humblement,
à cette modeste oubliée sans qui l'ignoble ternirait
nos vies et nous rappellerait, quoi que l'on fasse pour
s'en détacher, que l'humaine condition est la précarité.
Memento mori.
pour une nouvelle tâche immonde. Qui
se souvient qu'elle fut tissu d'étoupe rayé
de mille couleurs, étiquetté, si doux sur le
rayonnage du haut de la droguerie ? Personne.
Aussi je veux lui rendre hommage, humblement,
à cette modeste oubliée sans qui l'ignoble ternirait
nos vies et nous rappellerait, quoi que l'on fasse pour
s'en détacher, que l'humaine condition est la précarité.
Memento mori.