Combien sont-ils ? Dix, quinze, vingt ?
Mon œil surpris peine à les dénombrer.
Leur bois, dans distinctes nuances de
clarté, parle de ce que fut leur vie.
Certains portent, encore, branlante,
la protection de cuivre censée les protéger
des chocs inattendus ; d'autres, sans elle,
s'émoussent. L'usure est sans aspérité,
elle s'est patinée de pans et de pans de
tissu que les mètres ont marqués, sous la
main douce et précise de la vendeuse courbée,
avant d'en faire des rideaux, des robes, des
coussins, des déguisements, des nappes, des
parures qui accompagnent l'humanité dans ses
joies et parfois s'imbibent de ses larmes,
vade-mecum immobiles, talismans inavoués.