Le bouillon et les rues
Par Michel Bourret Guasteví le lundi 6 décembre 2010, 15:42 - l'écume des jours - Lien permanent
en traversant les rues sans soleil de ma ville.
Il m'attendait de retour de l'école, par delà les bras
tendres de ma mère affairée au foyer et je négligeai
les soldats de bakélite alignés devant ma chambre
pour m'y asseoir devant, l'esprit à mes pensées.
J'habitais alors tout en haut de la France et les mois
étaient longs qui me séparaient de mon grand-père
adoré, chanteur d'opéra devant l'assiette claire
de soupette où flottaient les vermicelles fumants.
Boire le bouillon et mâcher les pâtes molles, c'était
retourner à Perpignan en juillet dans sa cuisine sombre.
Étrange destinée que celle de n'être jamais là où vaque
la vie et de retourner sans cesse à l'ailleurs du passé.
Puissé-je un jour faire du macadam gris des rues de ma ville
l'inépuisable bouillon de mes étés de fantaisie enfantine.