J'habitais alors tout en haut de la France et les mois
étaient longs qui me séparaient de mon grand-père

adoré, chanteur d'opéra devant l'assiette claire
de soupette où flottaient les vermicelles fumants.

Boire le bouillon et mâcher les pâtes molles, c'était
retourner à Perpignan en juillet dans sa cuisine sombre.

Étrange destinée que celle de n'être jamais là où vaque
la vie et de retourner sans cesse à l'ailleurs du passé.

Puissé-je un jour faire du macadam gris des rues de ma ville
l'inépuisable bouillon de mes étés de fantaisie enfantine.