La pluie, là-bas
Par Michel Bourret Guasteví le mardi 7 juin 2011, 22:00 - l'écume des jours - Lien permanent
La pluie m'est inconnue qui a longtemps occupé mes nuits,
tordant mes rêves sous ses auvents percés. Et pourtant
je la sais dans tes rues, loin, très loin. Le jour s'est
éteint, dis-tu, et les lampions des cafés leur donnent
un air sinistre comme si on y jouait la mauvaise vie.
Je ferme les yeux, le téléphone m'a transmis tes frissons,
ta désorientation. Tu es au pied de ton immeuble comme si
tu n'y étais pas, te brûlant les lèvres à un thé si clair
que la pluie semble de glaise dans son miroir faussé.
Il y a quelques heures encore tu les voyais loin, ces rigoles
de terre, larmes factices au rimmel de la vieille actrice,
et tu t'enchantais du soleil de juin, si proche, enguirlandé.
Le soir pourrissant t'a rappelé novembre et ses jours de défunts,
quand tu me savais loin, aveugle à tes regards et sourd à ta voix.
Aussi vois dans la pluie l'onde lustrale qui gomme tout pour mieux nous apparier.