Pavane pour un infante défunte ( À mon père)
Par Michel Bourret Guasteví le mardi 15 mai 2012, 20:38 - l'écume des jours - Lien permanent
Mon père a façonné mon goût avec des bribes,
des paillettes, des disques tirés de ses voyages
intérieurs. Ainsi quand, au terme d'un trajet
lancinant entre Provence et Languedoc, j'ai entendu,
aujourd'hui, Ravel et sa Pavane pour une infante défunte,
les années se sont abolies et le piano a perdu ses gerçures
d'airain pour me rendre le souffle lent et envoûtant
d'Eumir Deodato comme quand nous revenions, mon frère et moi,
d'une escapade en famille en Andorre. Nous nous pressions
alors autour du meuble hi-fi hérité de notre oncle poète
et je fermais les yeux, certain que ma vie future s'écoulerait
ainsi, sablier de mercure aux lichens pressentis. Les années
en ont décidé autrement mais, en cet instant, assis, seul,
à mon bureau de bois clair, bordé par de lointains yeux noirs,
je pense à toi, Papa, à ton dos vouté cherchant parmi les disques
de la pile l'originale atemporalité. Et de Gershwin à Deodato en passant
par Lalo, Ray Charles et Erroll Garner, je vogue pensif et je suis bien.
Reconnaissant.
les années se sont abolies et le piano a perdu ses gerçures
d'airain pour me rendre le souffle lent et envoûtant
d'Eumir Deodato comme quand nous revenions, mon frère et moi,
d'une escapade en famille en Andorre. Nous nous pressions
alors autour du meuble hi-fi hérité de notre oncle poète
et je fermais les yeux, certain que ma vie future s'écoulerait
ainsi, sablier de mercure aux lichens pressentis. Les années
en ont décidé autrement mais, en cet instant, assis, seul,
à mon bureau de bois clair, bordé par de lointains yeux noirs,
je pense à toi, Papa, à ton dos vouté cherchant parmi les disques
de la pile l'originale atemporalité. Et de Gershwin à Deodato en passant
par Lalo, Ray Charles et Erroll Garner, je vogue pensif et je suis bien.
Reconnaissant.