Le temps se ralentit, rythmé par le son
grave des rebonds d'un basketteur noir.
Visage impassible, parcimonie du geste,
élégance des poignets qui aiguillent le

lancer. Il sera rejoint par deux compagnons
de fortune. Plus jeunes, plus minces aussi.
Le son du ballon perd de sa gravité et s'accélère.
Pas un sourire, les yeux seuls évaluent la perfection

quasi hasardeuse d'un lancer. Alanguie sur mon giron,
tu me fais remarquer qu'il couvrent la guitare et les
chansons d'un groupe d'amis réunis à l'ombre d'un platane
haut. Elle, très belle, cheveux frisés tirés en arrière

et que semblent supporter deux créoles d'or. Eux sont trois
et s'échangent deux guitares et un petit bongo. Le rythme est
de bossa. La voix se porte haut. Le plus massif d'entre eux
porte à la bouche une bouteille remplie d'un liquide orange.

Le son baisse pour atteindre l'intime. Il nous prend l'envie
de nous rapprocher pour mieux entendre. Ce faisant, nous briserions
le cercle comme la bulle se crève à la surface du vin mousseux.
L'harmonie est sur Hostafrancs. Profonde. Et tu me sembles si belle.