Je l'ai connu voici quatre ans, ce collègue
inspiré qui sut dépoussiérer l'antique documentation.

Un serveur piraté depuis le bout du monde nous réunissait
alors. Le serveur n'est plus. On l'a virtualisé, comme tout

en ce bas monde, ou presque. L'amitié fugace, intense, nous
est restée. Il est colombien, nous parlons espagnol, mais la

langue importe moins que le cœur qui la porte. Il vit au milieu
de ses femmes, son épouse et ses deux filles que je ne connais pas

mais dont il me parle avec ferveur. Un rabin nous unit, le fabuleux
Ouaknin qui me fit comprendre, à plus de quarante ans, qu'il n'est

de convention humaine qui ne repose sur la sage nature. Grâce à lui,
je vis dans mon initiale l'incessant ressac de la mer mon amie,

Son initiale à lui l'abstrait du troupeau pour commander aux bêtes,
et sans qu'il soit de cette péninsule, on sent en lui l'Espagne qui

pousse un peu sa corne, comme chantait Nougaro. Je ne sais combien
d'années nous réuniront encore, par hasard, toujours. Je les souhaite

nombreuses.