loin de la sinagogue et du Talmud,
la fille du hazzan contemple les travaux du môle,
le chargement et le déchargement de navires étrangers
(aux noms extravagants pour elle comme Gabriela,
Île de France, ou Santo Espirito)
Le dos nu des dokers africains,
et le combat des mouettes pour des immondices.
Une brise légère s'est levée,
presque imperceptiple, mélancolique.
Ce sont les voix des absents,
qui sait de Tel-Aviv ou d'Haifa ?
Il n'y aura nul repos, telle est la damnation ;
la jeune fille juive ne le sait que trop
qui sourit à présent avec timidité
à quelqu'un qui l'observe depuis la darse.

Jaume Benavente, Un pont sobre l'erm, trad. Du catalan
par M. Bourret Guasteví