ne tiennent pas. Se disjoignant, ils se rapprochent.
Dépareillés. L'important est d'être ensemble pour
fêter l'hôtesse et reine du jour. On ne s'aperçoit

pas que le printemps commence à peine et que le soir
vient encore tôt. Le cercle se resserre. De havre contre
la chaleur, le parasol devient écran bienveillant. L'ampoule

jaune perce le nuage sang et les conversations s'aiguisent.
On est bien. Tous. L'aïeul ne cesse de manger des graines, son
petit fils aimant l'entoure d'attentions. Il me regarde fixement.

Son regard très noir est une lame vive qui me transperce. Il porte
en lui toute une vie qu'il veut me montrer sans me la dire. Pour
me conseiller ? Son fils, passionnant, m'apprendra plus tard à

table qu'il était du Pas de Calais et qu'on faisait dans son
village des andouilles salées et des tablettes de sucre
de couleur. Les heures passent, sans que nul ne le sente.

Il me faudra des heures et un sommeil coupé pour savourer
toute la beauté du monde dans cette poignée de vie
que l'on doit à une famille, si belle et si unie.