L'homme au perroquet
Par Michel Bourret Guasteví le vendredi 20 mai 2011, 10:06 - l'écume des jours - Lien permanent
Il était assis dans le métro, ce matin, l'air ailleurs, le buste droit, la nuque raide. Son non-regard rompit la routine qui endormait le wagon au rythme des cahots et de la mélopée des stations annoncées. Comme s'il voulait qu'on l'oublie, qu'on les oublie.
Car à ses côtés, pareillement droit, accroché à la rampe de nickel, se tenait un oiseau magnifique, un perroquet vert, à l'oeil clair. Aussitôt j'oubliai le monde alentour, la ménagère péruvienne harassée par le jour à venir, le skater oublieux de sa planche laissée loin et je les regardai tous deux, couple uni, silencieux, complices d'une vie dont il ne m'était donné qu'un moment. L'homme se penchait vers l'oiseau et lui murmurait des mots dont je ne saisissais que le mouvement sur ses lèvres sèches. L'oiseau, grave, regardait au loin. Soudain il le mit sur son épaule droite et ils sortirent tous deux.