Mouettes de la nuit.
Par Michel Bourret Guasteví le vendredi 8 juillet 2011, 16:44 - l'écume des jours - Lien permanent
Tu vis non loin de la mer mais de hauts murs de béton et de verre me la masquent.
Le jour, ton balcon étroit se heurte à la masse continue des automobiles enrouées. Et ce n'est que la nuit, très tard, quand les conversations cessent dans la rue, que je la sens si proche, la mer, ta mer, dont tu me parlais tant avant que je ne te connaisse. Elle vient d'abord par une odeur légère d'iode, vite obsédante, qui ébranle la fenêtre entrouverte. Puis mon sommeil, difficile, naufrage dans une grande clameur de ce que je crois être des milliers d'oiseaux moqueurs. Ce sont les mouettes de la Barcelonnette et du Port Olympique, clones crieurs d'une reine oubliée. Alors je sors du songe, l'or de la nuit se glace, je frissonne et te rejoins plutôt que de les vénérer. Car je ne vois en elle que la caricature éclatée des amours essentielles que tu m'offres soudain.