Métro
Par Michel Bourret Guasteví le dimanche 24 juillet 2011, 02:50 - l'écume des jours - Lien permanent
Longue est l'attente sur le quai
et tu es seule malgré ces milliers
de voyageurs que les vapeurs d'alcool
rendent aveugles. Devant, derrière,
des cris en plusieurs langues mais pas
et tu es seule malgré ces milliers
de voyageurs que les vapeurs d'alcool
rendent aveugles. Devant, derrière,
des cris en plusieurs langues mais pas
une parole, un sourire, une caresse.
L'humanité a revêtu son masque de paillettes
qui filent à présent dans les cahots de la rame.
Arc de Triomf, Glòries, Marina, Clot : ta destination
s'éloigne à mesure que tu avances et tu te retrouves
seule, yeux écarquillés aveugles, la jupe tachée
de mauvais vin et le cœur déchiré par l'absence
de celui qui t'attend au-delà des Pyrénées, couché dans
un tiroir grinçant, wagon immobile en marge de la ville.
Tu l'imagines debout, sous l'éclairage au néon d'une cuisine
froide, essayant de serrer tes doigts menus dessous la jolie
couette. L'est-il vraiment ? Il est permis d'en douter mais
pourquoi ne pas te le figurer en t'inventant ses mots bleus ?