Ma main le connaissait par cœur et mes yeux savaient
détailler chaque nuance de ses ongles vernis.

Je marchai des kilomètres sur le rivage tendrement
léché par l'eau calme du matin. Pas une ride.

Le seul relief venait des poignées de coquillages
qu'une main inconsciente y avait semées.

La fatigue me prit, le vent s'en mêla, une tempête
de sable saugrenue entreprit de me brouiller la vue.

Je fermai mes paupières rougies d'un trait de sang.
C'est alors que je les vis tes pas en ombre d'or.

Ils étaient si légers qu'on les eût dits en surface,
maladroite peinture d'un inconditionnel déçu.

Je les savais pourtant encrés de mon sang, ancrés dans ma peau
ces pas qui me conduiraient fort loin, au-delà du bonheur.