Des vétilles, pour sûr, des écheveaux
interminables qui embrouillent mes nuits.

Mais je crois aux silences et à leur saveur
unique de croissants moelleux sur les coups de six heures.

L'été enfin de braise t'épuise et me tient éveillé
en ses interminables nuits. Tu te tais, j'observe.

J'observe tes silences à nul autre pareils, sous la lumière
électrique de la rue ou dans la pénombre laiteuse qui la suit.

Silences de peau claire, de dos interminable, de mains
ouvertes aux rêves devinés. Tu te tais et me parles.

Tes paupières ourlées de mille cils de jais sont closes
et ta bouche s'entrouvre, riche encore des parfums

de ce vin émeraude que nous prîmes le soir sur la Promenade
de Grâce au sortir du libraire, riches tous deux d'Espriu et Estellés.

Ta bouche s'entrouvre, j'y vois tes dents aimées et j'y lis déjà
ton sourire quand tu liras ces mots... en silence, bien sûr.