Nous portions un gros survêtement sombre de coton
et mes pieds d'enfant s'enfonçaient impuissants
au pied des collines de sable et de leurs rares végétaux.

C'est ainsi que nous prîmes l'habitude de converser
sans nous parler, proches par l'action commune et
le goût pour un espace oublié, en marge de la vie.

Ce n'est que bien des années plus tard, voici quelques mois,
que la bibliothèque épisodiquement tenue par une amie m'en révéla
le manque par la lecture de La maison dans les dunes de Maxence Van der Meersch.

Depuis, je n'ai cessé de frôler mon père, de l'écouter, de le chérir
dans mes silences ou ma parole trop empesée, et l'âge mûr jamais n'abolit
l'enfant que je fus, l'enfant que je suis, de Malo à Cerbère, Perpignan ou Barcelone.

Et s'il ne me souvient de longs et bigarrés voyages en sa compagnie, je me rappelle
combien il me fit connaître la France, déchirée du Nord au Sud, dans une
friture de goujons ou une omelette baveuse aux champignons.

Les ans l'ont entravé à un fauteuil de rotin qu'il ne quitte guère et qui le soutient
d'un vaillant coussin de mousse laide, relief d'un trop long séjour en terres
médicales, et de là, ce voyageur immobile m'enseigne la beauté des mondes à découvrir.