Assieds-toi sur le canapé sombre
et partage avec moi à pas d'heure
le saucisson sec et l'amère gentiane.

Les pendules s'arrêtent et la télévision
s'épuise ; sous tes doigts la musique
prolonge ce passé vécu mais non partagé.

Il est tard, délicieusement tard, mais
pas trop tard. Nous parlerons des heures
encore et, un mot chassant l'autre,

nous nous inventerons des langues enfantines,
nous jouerons à chat perché et contemplerons
le soleil qui se lève dans nos pupilles d'or.

Viendra alors le silence, la concorde des amants
qui se connaissent et apprennent à se connaître,
sans cesse, flux et reflux de la marée atlantique.