Mais je n'ai qu'un frère, d'un peu plus de trois ans mon cadet,
et le demi-siècle écoulé, torrentueux, n'a jamais altéré
notre chaude complicité, malgré les distances diverses.

Je me souviens de notre enfance tout en haut du Nord,
dans une chambre commune à la peinture laide où
il fallait se jucher sur un château en jouet pour atteindre

l'étroite fenêtre de verre qui ouvrait sur le monde désiré.
Nous y étions bien, inventant des pique-nique sous la table
de la cuisine ou de longs défilés d'enfants, l'automne, à la Saint-Martin.

Plus tard ce fut le grand Sud, l'école et le collège, où nous fîmes
front commun dans l'amitié et contre la bêtise, en apprenant les langues
et la musique autour du pick-up familial et des English Drills paternels.

L'été finit qui le rend si heureux au bras d'une compagne choisie,
à la couronne d'une grande ville, dans un petit pays où les lieux et les personnes
ont la chaleur du Nord et l'entregent sucré des gens aimables de notre beau Midi.