Le temps n'a pas de prise mais il les fauche
et les étiole plus vivement que ton sanglot
ne zèbre ton visage quand le Rhône se fait
distance et enfle de nos pleurs son cours lancinant.

Le temps n'a pas de prise mais moi je le voudrais
dans ma main comme un oisillon du printemps pour
l'arrêter tantôt, au bord de ce chemin perdu qui
se tendit de blanc pour apaiser nos corps las

ou bien comme cette eau limpide que nous traversâmes
à gué cependant qu'une amie, par delà le pont lointain,
nous attendait brûlante de ces saveurs orientales
qui étaient notre muguet à nous, dégusté sur le pouce.

Les coquelicots ne sont plus qui bordaient notre route,
en ce premier jour de mai entre Drôme et Vaucluse.
La nuit les a couchés dans son manteau de gel mais
ma nuit à moi les ravive plus sûrement que mille soleils d'oubli.