Au premier geste, l'hiver me glace des doigts la pulpe
tendre avant de s'envoler vers les arbres feuillus qu'il
décoiffe d'un sourire assassin, la route se couvre de givre
et mon amie me supplie.

Je les frotte alors pour les réchauffer et les voilà qui bourgeonnent
et transsudent la sève féconde. L'air sent la pomme et le réséda,
les oiseaux chantent, mon amie pose la tête sur mon épaule
et chantonne.

Sans y penser, mes doigts s'animent comme pour la mieux étreindre
et le soleil baigne d'or le monde alentour. L'air sent l'abricot croquant
et la pêche trop mûre. Il est temps de gagner la haute mer pour y
plonger le poignet.

Les doigts humides se rident qui s'amusent à se caresser sans malice,
alors, soudain, l'air fraîchit et l'atmosphère embaume le vin frais
et les fruits secs. Les feuilles jaunissent et couvrent le sol gras.
Tu me regardes, je te souris.