Ses habitants la fuient,
au tournant de la rue,

laissant l'asphalte tiède
en miroir silencieux.

Je cueille les papiers gras,
les canettes écrasées et même

ce sachet froissé de chips
au goût marqué de poulet rôti.

Je traque les reliefs d'entêtante
humanité que la campagne me nie

et je les associe dans ma boîte
de nacre comme un collectionneur

de scarabées dorés. J'ai marché
longuement dans des villes sans

frein. Les ans ont passé, les villes
me semblent plus grandes et moi moins

carnassier, alors je marche longuement
dans des villes sans faim. Je t'y cherche

et t'y trouve toujours. Penchée sur
l'asphalte tiède, tu me souris, sans fin.