Maintenant que l'automne s'installe, dans le silence
et l'obscurité de la chambre, je pense à l'été, notre
été, à Saint-Martin, au bord de l'Ardêche si fraîche.

Les pierres y étaient vives sous le pied, même chaussé
de caoutchouc noir. Sur le bord, elles brûlaient, nous
précipitant l'un contre l'autre, nous nous taisions

et goûtions du temps qui coulait au gré des canoés, le flux
épais, le verbe clair. Les vacanciers, à présent, ne sont
plus et j'imagine les berges désertes ballottées par les crues.

Les pierres sont mortes, jusqu'au printemps si loin ; seules demeurent
nos paroles, vivifiées par le souvenir, réchauffées par nos bras
enlacés quand les yeux se ferment et exigent notre présence infinie.