Pierres vives et paroles gelées
Par Michel Bourret Guasteví le jeudi 18 octobre 2012, 04:52 - l'écume des jours - Lien permanent
J'aimais Rabelais et son monde de fantaisies,
ses géants candides à l'estomac dans les talons,
et, surtout, ses pierres vives et ses paroles gelées.
ses géants candides à l'estomac dans les talons,
et, surtout, ses pierres vives et ses paroles gelées.
Maintenant que l'automne s'installe, dans le silence
et l'obscurité de la chambre, je pense à l'été, notre
été, à Saint-Martin, au bord de l'Ardêche si fraîche.
Les pierres y étaient vives sous le pied, même chaussé
de caoutchouc noir. Sur le bord, elles brûlaient, nous
précipitant l'un contre l'autre, nous nous taisions
et goûtions du temps qui coulait au gré des canoés, le flux
épais, le verbe clair. Les vacanciers, à présent, ne sont
plus et j'imagine les berges désertes ballottées par les crues.
Les pierres sont mortes, jusqu'au printemps si loin ; seules demeurent
nos paroles, vivifiées par le souvenir, réchauffées par nos bras
enlacés quand les yeux se ferment et exigent notre présence infinie.
et l'obscurité de la chambre, je pense à l'été, notre
été, à Saint-Martin, au bord de l'Ardêche si fraîche.
Les pierres y étaient vives sous le pied, même chaussé
de caoutchouc noir. Sur le bord, elles brûlaient, nous
précipitant l'un contre l'autre, nous nous taisions
et goûtions du temps qui coulait au gré des canoés, le flux
épais, le verbe clair. Les vacanciers, à présent, ne sont
plus et j'imagine les berges désertes ballottées par les crues.
Les pierres sont mortes, jusqu'au printemps si loin ; seules demeurent
nos paroles, vivifiées par le souvenir, réchauffées par nos bras
enlacés quand les yeux se ferment et exigent notre présence infinie.