Lire e(s)t vivre
Par Michel Bourret Guasteví le mercredi 26 février 2014, 16:42 - l'écume des jours - Lien permanent
Lire et vivre, lire ou vivre, lire est vivre...
Je m'amuse à relier les deux termes
qui ne changent de nature en passant
Je m'amuse à relier les deux termes
qui ne changent de nature en passant
de la conjonction au verbe. Forme de vie
réduite, cantonnée dans l'espace et dans
le temps, la lecture m'obsède, me changeant
en un voyeur que je ne suis guère. J'essaie de
percevoir, à la dérobée, le regard du lecteur,
de la lectrice. Le regard direct est rare, les lunettes
le dévient, grossissant des yeux que le texte absorbe.
Ne vit-on plus dès lors qu'on lit ? Bien peu boivent ou
se restaurent ce faisant. De rares démangeaisons
attirent une main dans les cheveux ou sur les tempes.
Le cou ploie, la force musculaire disparaît. Combien
de nous seraient inconsistants face à un agresseur inopiné.
Non, la vie est ailleurs, que jamais je ne saisirai malgré
mon voyeurisme épisodique. Ouverts pour capter l'entrelacs
noir de chine qui fait sens, les yeux sont des miroirs aveugles.
Pour insignifiants que nous soyons, la lecture nous donne
des bottes de sept lieues, une limousine, une jonque malaise,
et nous y vivons cette autre vie qui féconde nos vies.
réduite, cantonnée dans l'espace et dans
le temps, la lecture m'obsède, me changeant
en un voyeur que je ne suis guère. J'essaie de
percevoir, à la dérobée, le regard du lecteur,
de la lectrice. Le regard direct est rare, les lunettes
le dévient, grossissant des yeux que le texte absorbe.
Ne vit-on plus dès lors qu'on lit ? Bien peu boivent ou
se restaurent ce faisant. De rares démangeaisons
attirent une main dans les cheveux ou sur les tempes.
Le cou ploie, la force musculaire disparaît. Combien
de nous seraient inconsistants face à un agresseur inopiné.
Non, la vie est ailleurs, que jamais je ne saisirai malgré
mon voyeurisme épisodique. Ouverts pour capter l'entrelacs
noir de chine qui fait sens, les yeux sont des miroirs aveugles.
Pour insignifiants que nous soyons, la lecture nous donne
des bottes de sept lieues, une limousine, une jonque malaise,
et nous y vivons cette autre vie qui féconde nos vies.