Plus haut, d'un pas alerte, il trace la voie entre les limaces

grasses, orangées, qui nous invitent à ralentir et à goûter

a vie à l'aune de l'herbe tendre. Soudain la pluie tombe,

fine et sonore, comme un grain breton à Molène. Le couvert

des arbres nous protège un temps. L'air s'épaissit, les mains

deviennent moites. La tentation est grande de planter le bivouac

et d'y passer l'été. Mais déjà la voûte n'est plus et la statue de cuivre

mariale nous appelle tout en haut d'un phare de granit. Je m'abrite sous

un parapluie démodé, acheté au hasard des magasins chinois, un jour

d'averse à Barcelone. Mon fils se trempe et sourit derrière les carreaux

embués. La spirale poussiéreuse de l'escalier nous abritera un temps 

avant de nous offrir la profusion du monde sous le regard vertigineux. 

Le sang battra aux tempes à la descente. Qu'importe, les heures sont

passées et le monde bat lentement, entre le rire et les larmes...