Le sous-bois
Par Michel Bourret Guasteví le mardi 8 juillet 2014, 19:21 - l'écume des jours - Lien permanent
Le soleil courbe la marche et alourdit le souffle,
tout est vert clair, sous le soulier et le long des mains
ballantes. je ne sais où est le terme de la promenade.
Peu m'en chaut. Je souris à mon fils qui ne me voit pas.
Plus haut, d'un pas alerte, il trace la voie entre les limaces
grasses, orangées, qui nous invitent à ralentir et à goûter
a vie à l'aune de l'herbe tendre. Soudain la pluie tombe,
fine et sonore, comme un grain breton à Molène. Le couvert
des arbres nous protège un temps. L'air s'épaissit, les mains
deviennent moites. La tentation est grande de planter le bivouac
et d'y passer l'été. Mais déjà la voûte n'est plus et la statue de cuivre
mariale nous appelle tout en haut d'un phare de granit. Je m'abrite sous
un parapluie démodé, acheté au hasard des magasins chinois, un jour
d'averse à Barcelone. Mon fils se trempe et sourit derrière les carreaux
embués. La spirale poussiéreuse de l'escalier nous abritera un temps
avant de nous offrir la profusion du monde sous le regard vertigineux.
Le sang battra aux tempes à la descente. Qu'importe, les heures sont
passées et le monde bat lentement, entre le rire et les larmes...