Tu t'endormis contre mon flanc, je chevauchai loin dans les rêves.
Le réveil se cassa, engloutissant des heures le décompte lugubre.
Ce n'est que vers deux heures que la soif m'appela pour me livrer,
pâle et nue ton épaule sereine. Je fis alors serment de ne pas

m'endormir et de te veiller tout le temps qu'il faudrait comme
on gonfle son ventre de l'outre fraîche d'antique vin muscat.
Tu étais belle, je rêvai à la Suède sous ta conduite. J'étais si bien

que je ne sus quand ni comment le sommeil me reprit. Et me voici,
pieds nus sur la dalle glacée, à t'écrire mon amour comme on cueille

des coquelicots, au printemps, sur le bord du chemin.