Or j'ai passé mes heures à cheminer au son et au toucher
parmi les joncs moqueurs. Ton absence est-elle à ce point amère

que j'en ressors blessé, les yeux crevés, la parole hésitante ?
Je ne sais. Je peins ma nuit des couleurs de l'hiver sous le canal

plutôt que de me taire et je ferme les yeux. Là, devant moi, tutélaire,
l'astre sélène arrête le temps dans sa plénitude. Mieux, il le déroule

jusqu'à cette soirée que nous passâmes entrecroisés cependant que le canal
apaisé retrouvait ses hâleurs alanguis, dorés par le soleil d'août.