D'une impasse embourbée et d'une
voiture prestement garée, je fais

un salon ouaté jusqu'à pas d'heure
où nous devisons par delà le silence

des chaussées et des réverbères pâlis
entre trois chats et quatre souris.

Puis de retour dans ma couche, sur la blancheur
des draps je m'invente une plage minorquine

à la Saint-Jean ou à la Saint-Michel.
Ma tablette se fait miroir et je t'y vois

danser, rire et puis m'aimer. Les visages
s'y croisent, ils ont les voix que nous aimons

entendre quand l'automne se peint des couleurs
de l'été pour nous offrir la profusion des senteurs.

Mais ce que je préfère, dans les jours de ma nuit,
c'est le silence sonore de l'obscurité des songes.

Je t'y pressens qui m'écoute au delà du sommeil,
coquelicot vermillon aux pétales ourlés, attendant

du Rhône la coulée bienfaisante, entre Tricastin
et Vinsobres, aux reflets rouges, rosés et surtout

blancs pour m'emmener courir le long des vignes
claires avant de boire tous deux dans un café Carabinier.