Carte du tendre
Par Michel Bourret Guasteví le lundi 28 mai 2012, 08:00 - Lien permanent
Le drap rêche a fraîchi ; sa blancheur disparaît.
Ni blanc, ni gris, il s'affadit ; au contraire de
ta peau odorante et sinueuse à souhait. En son centre,
serpent sage, le Rhône majestueux. De part et d'autre
les côtes vineuses y coulent discrètement, gorgées du
soleil d'Ardêche et de Drôme, avare en ces jours de disette.
Ni blanc, ni gris, il s'affadit ; au contraire de
ta peau odorante et sinueuse à souhait. En son centre,
serpent sage, le Rhône majestueux. De part et d'autre
les côtes vineuses y coulent discrètement, gorgées du
soleil d'Ardêche et de Drôme, avare en ces jours de disette.
Et ma main te caresse et ondoie ; les doigts s'ouvrent
et se resserrent, fermes, jamais cassants. Je longe
l'épine fluviale avec le gras du pouce et je deviens
péniche, remontant sans hâleurs le courant limonneux.
Les autres doigts, eux, sont régates de voiles latines.
Je me fais vendangeur d'après l'été harassant, je pétris
ta peau claire et la transfigure. Sous mes doigts, le sang
de la vigne exulte. Foin des hottes et des comportes. Le moût
ruisselle et j'en suis le caviste. Le Rhône rougit. Je m'enivre.
Et dans ces noces de Cana improvisées, je te veux ma seule invitée.
Tes mains seront coupes à mes lèvres assoiffées et tes cheveux
tenture. Que viennent les serviteurs qui nous feront ombrage.
Mais déjà le sommeil te reprend qui m'envase soudain, la carte
s'efface, laissant à ton tatouage haut le rôle de la Véronique.
Pourrai-je jamais boire un verre de Côtes du Rhône sans y penser toujours ?
et se resserrent, fermes, jamais cassants. Je longe
l'épine fluviale avec le gras du pouce et je deviens
péniche, remontant sans hâleurs le courant limonneux.
Les autres doigts, eux, sont régates de voiles latines.
Je me fais vendangeur d'après l'été harassant, je pétris
ta peau claire et la transfigure. Sous mes doigts, le sang
de la vigne exulte. Foin des hottes et des comportes. Le moût
ruisselle et j'en suis le caviste. Le Rhône rougit. Je m'enivre.
Et dans ces noces de Cana improvisées, je te veux ma seule invitée.
Tes mains seront coupes à mes lèvres assoiffées et tes cheveux
tenture. Que viennent les serviteurs qui nous feront ombrage.
Mais déjà le sommeil te reprend qui m'envase soudain, la carte
s'efface, laissant à ton tatouage haut le rôle de la Véronique.
Pourrai-je jamais boire un verre de Côtes du Rhône sans y penser toujours ?