Me duele España / Em dol Catalunya
Par Michel Bourret Guasteví le lundi 3 septembre 2012, 18:24 - l'écume des jours - Lien permanent
Le grand helléniste Miguel de Unamuno disait à propos de son pays que secouait la perte des dernières colonies en 1898 : "Me duele España". La situation actuelle de l'Espagne me fait mal. Ceux-là même qui ont porté le Parti Populaire au pouvoir, aveuglés par les derniers lambeaux de la pensée de Milton Friedman, s'élèvent contre la hausse de la TVA décrétée par le gouvernement de Mariano Rajoy contre son propre programme électoral. Rien d'étonnant pourtant. Incompétence et (auto)suffisance sont les attributs des nations... du tiers monde. Cela me fait mal mais l'Espagne revient à ce qu'elle était dans les années 70 du siècle passé. Un pays à l'économie incertaine, gangréné par la corruption, le népotisme et le "pluriempleo". Un pays du tiers monde vivotant du tourisme, des bases américaines, des oranges et des bouchons de liège.
Mais plus encore, "Em dol Catalunya". J'ai mal à la Catalogne. Cette
nation sans État gouvernée aujourd'hui par des souverainistes prêts à
vendre leur liberté contre un plat de lentilles. Ces Esaü à la petite
semaine ont si peur de la lutte des classes qu'ils lui préfèrent la
perte de l'usage général de leur propre langue. Mais après tout, ne se
sont-ils pas prosternés aux pieds des vainqueurs dès le 26 janvier 1939
et même avant pour s'enrichir, sans coup férir ,"sin ladrar y hablando
la lengua del Imperio". Pourtant la Catalogne médiévale a ressuscité
l'agora grecque en inventant l'assemblée délibérative et la Catalogne
dix-neuviémiste a tiré le meilleur parti de la première révolution
industrielle en y ajoutant le grain de sel d'une bourgeoisie audacieuse
et friande d'arts nouveaux.
J'ai mal à l'Espagne et à la Catalogne. Je rêve de pays où Federico García Lorca aurait été centenaire et où Joan Vinyolí ne se serait pas alcoolisé entre les étagères d'une maison d'édition poussiéreuse.
Voilà pourquoi je suis favorable à l'indépendance de la Catalogne. Que le 11 septembre prochain ne soit pas le point d'orgue de la défaite de 1714.
J'ai mal à l'Espagne et à la Catalogne. Je rêve de pays où Federico García Lorca aurait été centenaire et où Joan Vinyolí ne se serait pas alcoolisé entre les étagères d'une maison d'édition poussiéreuse.
Voilà pourquoi je suis favorable à l'indépendance de la Catalogne. Que le 11 septembre prochain ne soit pas le point d'orgue de la défaite de 1714.