Mais plus encore, "Em dol Catalunya". J'ai mal à la Catalogne. Cette nation sans État gouvernée aujourd'hui par des souverainistes prêts à vendre leur liberté contre un plat de lentilles. Ces Esaü à la petite semaine ont si peur de la lutte des classes qu'ils lui préfèrent la perte de l'usage général de leur propre langue. Mais après tout, ne se sont-ils pas prosternés aux pieds des vainqueurs dès le 26 janvier 1939 et même avant pour s'enrichir, sans coup férir ,"sin ladrar y hablando la lengua del Imperio". Pourtant la Catalogne médiévale a ressuscité l'agora grecque en inventant l'assemblée délibérative et la Catalogne dix-neuviémiste a tiré le meilleur parti de la première révolution industrielle en y ajoutant le grain de sel d'une bourgeoisie audacieuse et friande d'arts nouveaux.

J'ai mal à l'Espagne et à la Catalogne. Je rêve de pays où Federico García Lorca aurait été centenaire et où Joan Vinyolí ne se serait pas alcoolisé entre les étagères d'une maison d'édition poussiéreuse.

Voilà pourquoi je suis favorable à l'indépendance de la Catalogne. Que le 11 septembre prochain ne soit pas le point d'orgue de la défaite de 1714.