Nous quittions alors le Bouyssou pour
aller nous restaurer à Saint-Urcize, près
du foirail. Les tables étaient dressées.
De simples

tréteaux de bois couverts de papier blanc
où l'on se serrait sans connaître son voisin.
On y dégustait la saucisse tronçonnée au
millimètre

et l'aligot brûlant tiré d'une marmite énorme
en fer blanc, en fermant les yeux. L'estomac
plein, nous délaissions la pomme à couteau et
mangions la tarte

aux myrtilles. Un jour, un paysan du cru me
proposa, en guise de loterie, d'évaluer le poids
d'un porc et de l'emporter si le sort me souriait.
Je frémis

et donnai un chiffre ridiculement bas. Le paysan
rougeaud sourit. Je m'en tirai bien. Nous revînmes
au Bouyssou le cœur léger et l'estomac lourd, prêts
à recommencer "l'anh que ve".