On les dirait prêts pour un été qu'ils ne
verront peut-être pas. Prêts à abriter de
leur voûte débonnaire les promeneurs
insouciants, prêts à guider le batelier
 
dans sa course lointaine. De temps à autre,
ils s'effacent et la lumière du matin
m'aveugle. En baissant les yeux je ne vois
qu'une souche, tranchée de biais par

la guillotine des hommes. Épais ou mince, il
n'est de tronc qui y échappe, selon un rite
aléatoire. Alors je lève les yeux et regarde
le chardonneret qui se balance sur la branche

feuillue comme mon fils petit le fera un jour
sur un hamac de fortune. Le chancre doré dévore
lentement l'arbre mon ami. Il le sent, il le sait
et pourtant continue de sourire à la vie qui défile.